PROJECTION + DEBAT : "Le Manifeste de l’Arcouest"

, par Redac46

Vendredi 15 mars, cinéma "Le Paris" à Souillac - 20H30

Des chercheuses et chercheurs se réunissent en Bretagne pour réfléchir à leur action face aux techno-sciences incontrôlées et au réchauffement climatique.
Projection du documentaire réalisé par Jean-Marie Boulet et Philippe Worms, suivie d’un débat en présence de ce dernier et de Vanessa Lea, archéologue, chargée de recherches au CNRS et membre de l’ATelier d’ECOlogie POLitique. Nous poursuivrons la soirée autour d’un verre partagé.

Un lieu chargé d’Histoire

Une grande maison au bord de la mer, à la pointe de l’Arcouest, au nord de la Bretagne. Une nature encore sauvage. Un petit groupe de scientifiques se retrouve là, pour une semaine lourde de tensions et d’espoirs, qui va les éprouver.
On ne vient pas à l’Arcouest par hasard. Dans les années 1920, toute une communauté de chercheurs prend ici ses quartiers d’été en famille, fait construire des maisons. Il y a là la fine fleur du nucléaire français, Marie Curie et sa fille Irène, son mari Frédéric Joliot ; mais aussi Jean Perrin, Paul Langevin, des écrivains, des historiens, un bastion de rationalistes athées, nourris de la philosophie des Lumières, et qui professent une foi inébranlable dans le progrès, scientifique et humain.
« L’idée de ce film était de réunir dans ces lieux chargés d’histoire des chercheurs d’aujourd’hui, tout aussi engagés que leurs illustres aînés, et qui ont pour objectif commun de dessiner une science citoyenne et démocratique », précise Philippe Worms, le coréalisateur du film.

Un film nécessaire, urgent, parfois sombre mais porté par la détermination et l’enthousiasme de jeunes chercheurs-euses.

« Nous avons tous, moi le premier, dit Pierre-Henri Gouyon, généticien, été conditionnés, tout au long de notre formation, de notre jeunesse, par une foi intangible dans le progrès, la croissance, les vertus émancipatrices des sciences. Petit à petit, il nous a fallu douter de tout cela. Jusqu’à envisager un autre fonctionnement économique et politique. Les avancées scientifiques, les technologies incontrôlées font peser des risques graves sur les Humains de demain, sur la Nature dans laquelle ils vivront. Ce cheminement personnel est long, orageux, douloureux parfois, pour tous ceux qui s’y engagent. Mais il est indispensable. »

Camille Besombes (épidémiologue), Raja Chatila (IA), Pierre-Henri Gouyon (généticien), Aglaé Jézéquel (climatologue), Jean-Marc Lévy-Leblond (physicien), Alice Lebreton-Mansuy (biologiste), Dominique Méda (sociologue) se sont donnés comme objectif de rédiger un manifeste. Ils ont cinq jours. « J’ai beaucoup de mal à entendre que la science incarne le progrès car je travaille sur le changement climatique, dit Aglaé Jézéquel. Or la base du changement climatique c’est que tout le monde veut avoir un niveau de vie toujours plus élevé. Donc les sciences doivent tirer des sonnettes d’alarme. » Pour Raja Chatila, « Il est de notre devoir de réagir, d’avoir cette réflexion éthique et de dire : tout ce qui peut être fait n’est pas à faire ». Ce à quoi Pierre-Henri Gouyon répond : « Et tout ce qui peut être cherché doit-il être cherché ? »

Cinq jours de débats intenses et controversés, ponctués d’archives glaçantes comme celle de Robert Oppenheimer, le père de la bombe atomique.